J.-M. L.
« Une vision économique du bois chez les théoriciens des Temps modernes ? Une vision pratique », par Hélène Rousteau-Chambon
« Une postérité pour Nicolas Fourneau, maître charpentier et savant ouvrier », par François Calame
« Les enjeux intellectuels et esthétiques de la technique dans les expertises de l’Académie royale d’architecture (1750-1790) », par Valérie Nègre
« L’église paroissiale de Lavancia-Epercy : un exemple unique d’architecture préfabriquée », par Sybille Lacroix
« Le renouveau de l’architecture de bois en France, 1965-1985 », par Stéphane Berthier
« La place de la charpente de bois lamellée dans les Expositions universelles et internationales depuis 1990 », par Charles-Édouard Guilbert-Røed
« Les savoirs des « Bois Debout » : le Trait et l’Orient », par Nicolas Adell
« L’activité d’un architecte diocésain », par Delphine Goutierre
« Une vision économique du bois chez les théoriciens des Temps modernes ? Une vision pratique », par Hélène Rousteau-Chambon
Les textes théoriques, les conférences et les leçons enseignées à l’Académie royale d’architecture se reflètent dans les constructions pratiques et dans l’utilisation du bois. À une connaissance parfaite du matériau, ils ajoutent des outils mathématiques et juridiques qui permettent une meilleure maîtrise de la construction. Ce sont les prémisses de l’industrialisation des siècles suivants.
« Une postérité pour Nicolas Fourneau, maître charpentier et savant ouvrier », par François Calame
L’art du Trait de charpente est en France une discipline majeure dans le monde de la construction, reconnue par l’UNESCO. Pratiqué depuis le Moyen Âge par les charpentiers, ce moyen de connaître la géométrie complexe des pièces de bois et de leurs assemblages ne doit rien au savoir savant de l’architecte et de l’ingénieur. Une figure majeure de cet art fut Nicolas Fourneau, maître charpentier, qui publia en 1766 à Rouen le premier traité français conçu par un professionnel. Deux jeunes compagnons du tour de France ont rendu un hommage à ce maître en reconstituant à l’hiver 2016-2017 la pièce centrale qu’avait conçue Fourneau.
« Les enjeux intellectuels et esthétiques de la technique dans les expertises de l’Académie royale d’architecture (1750-1790) », par Valérie Nègre
L’article prolonge les réflexions récentes sur les expertises techniques de l’Académie d’architecture en étendant l’observation aux discours et aux pratiques des inventeurs qui la sollicitent. Les procédés d’assemblage des bois proposés par le charpentier du roi Jean Claude François Taboureux en 1753 et 1789 offrent l’occasion de confronter différents avis de spécialistes de l’architecture : entrepreneurs du roi, experts jurés, maîtres de forge, et d’autres institutions de premier plan, comme la Compagnie des architectes experts. Il s’agit de montrer par cette approche l’effet déformant que peut produire l’étude de sources exclusivement tirées des institutions architecturales. Le parti permet de révéler les enjeux professionnels, intellectuels et esthétiques de la technique.
« L’église paroissiale de Lavancia-Epercy : un exemple unique d’architecture préfabriquée », par Sybille Lacroix
En 1951, lors de l’Exposition internationale du Bois à Lyon, une église-pavillon est réalisée par les Établissements Chalos de Saint-Brieuc, entreprise spécialisée dans la construction de bâtiments préfabriqués et importatrice de bois. Édifice de démonstration destiné à valoriser les usages possibles du matériau, l’église de Lavancia-Epercy et son mobilier sont constitués de dix-sept essences de bois rares provenant du monde entier. Simple et épurée, sa forme s’inspire de l’architecture nordique des années 1930 avec son ordonnance intérieure d’arcs diaphragmes paraboliques. À l’issue de l’exposition, elle est démontée et remontée à Lavancia-Epercy, village martyr du Jura, en 1952. À la fois pavillon unique et construction préfabriquée, elle présente le paradoxe d’allier noblesse de ses matériaux constitutifs et simplicité et rapidité de montage, ce qui en fait un modèle unique en France.
« Le renouveau de l’architecture de bois en France, 1965-1985 », par Stéphane Berthier
L’architecture de bois renaît en France au milieu des années 1960 grâce aux travaux d’architectes comme Pierre Lajus, Roland Schweitzer et Jean-Pierre Watel. Leur principal succès est d’avoir su renouveler le genre en proposant une architecture moderne et attractive quand les préjugés populaires à l’égard du matériau le cantonnaient aux habitats précaires et autres cabanes. Mais ce renouveau fut aussi l’occasion de repenser les conditions de production de la construction bois et de jeter les bases d’une nouvelle filière bois industrialisée. Leur architecture est presque exclusivement fondée sur la technologie de l’ossature bois légère, descendante directe de la charpente américaine dite balloon frame. Ils s’engagèrent dans un travail de développement expérimental d’une technologie produite artisanalement outre-Atlantique pour l’adapter à une production industrielle en France. Les vingt années que couvrent leurs recherches sur la construction en bois donnent l’occasion d’étudier l’architecture comme foyer d’expérimentation des innovations techniques.
« La place de la charpente de bois lamellée dans les Expositions universelles et internationales depuis 1990 », par Charles-Édouard Guilbert-Røed
L’étude de la charpente des pavillons des Expositions universelles et internationales révèle que cette dernière a constitué une source de renouvellement de l’architecture. Lieux de recherche architecturale, les expositions permettent le développement du matériau. À travers ces pavillons naît une corrélation entre les formes architecturales et les techniques de charpente, en particulier le lamellé-collé. Grâce aux capacités techniques et esthétiques qui lui sont propres, cette technique signe le renouveau de la construction en bois, de la charpente et de sa visibilité au cours des XXe et XXIe siècles. La charpente lamellée-collée constitue une source principale pour l’étude des pavillons des Expositions universelles et internationales.
« Les savoirs des « Bois Debout » : le Trait et l’Orient », par Nicolas Adell
Les compagnons charpentiers (les « Bois Debout » dans le compagnonnage) ont élaboré depuis le XIXe siècle une division de leurs savoirs en deux catégories : le Trait, géométrie descriptive qui signifie en même temps le versant théorique et intellectuel du savoir, et l’Orient, qui est la dimension irréductiblement pratique de tout savoir-faire. Cet article vise à montrer les façons dont ces catégories sont mobilisées par les compagnons charpentiers, les modes de transmission des connaissances qu’elles impliquent, et la culture de métier qu’elles révèlent.
« L’activité d’un architecte diocésain », par Delphine Goutierre
Pierre Félix Delarue (1795-1873) fut architecte du département de la Sarthe de 1824 à 1864. À ce titre, il fut également architecte diocésain de ce même département jusqu’en 1849, chargé notamment des travaux d’entretien et de restauration de la cathédrale Saint-Julien du Mans. Depuis quelques années, celle-ci fait l’objet de campagnes de restauration qui se situent tant en rupture qu’en continuité avec l’action de Delarue à Saint-Julien. L’un des derniers projets en date concerne la restauration du programme sculpté encadrant le portail du porche méridional de la cathédrale, cette restauration faisant suite à la modification en 2008 du couronnement de ce même porche, réalisé en 1840-1841 par Delarue. Cet article aborde la question du devenir du porche méridional de Saint-Julien du Mans au XIXe siècle comme constituant, parmi tant d’autres aspects, une illustration du champ d’intervention d’un architecte diocésain dans le contexte des politiques patrimoniales de conservation et de restauration monumentale de la première moitié du XIXe siècle, et des réponses qu’elles ont pu apporter aux problématiques urbaines de leur temps.